La première étape avant de créer/reprendre une entreprise est de réaliser un bilan de vos compétences entrepreneuriales. Ce bilan consiste à comparer vos compétences (savoir, savoir-faire et savoir-être) avec le référentiel de compétences du(de la) chef(fe) d’entreprise. La question est moins de savoir si vous êtes capable de créer/reprendre une entreprise que d’identifier les compétences que vous devez acquérir et/ou développer pour maximiser vos chances de réussite. Dit autrement, il s’agit de mieux connaître vos forces et vos faiblesses !
Trop peu de créateurs/repreneurs d’entreprise incluent dans leur business plan les investissements à réaliser en matière de formation. Ils évaluent bien le montant des investissements nécessaires dans des bureaux, des ordinateurs, des logiciels, des machines, un fonds de commerce, etc., mais rarement dans les formations censées leur apporter les compétences qui leur manquent pour réussir. Plus que la qualité du projet ou le choix du marché, les compétences du(de la) chef(fe) d’entreprise sont pourtant le facteur de succès n°1 d’une entreprise.
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1. Maximiser ses chances de réussite
Les chiffres-clefs de la création d’entreprise en France :
- 750 000 entreprises ont été créé en 2019,
- 8000 euros, c’est le montant moyen qui a été investi lors de la création ,
- 400 000 soit 53% d’entre elles étaient des micro-entreprises,
- Au bout de 3 ans, le taux de réussite était de 66,3% ,
- Au bout de 5 ans, il était de 51%,
- Seuls 10% des micro-entrepreneurs gagnent plus de 26.000 euros par an, le chiffre d’affaires moyen est de 9.600 euros.
Qu’est-ce qui distingue une entreprise qui grandit, d’une entreprise qui stagne ou périclite ? De nombreux facteurs peuvent entrer en ligne de compte comme le secteur d’activité, le marché, la réglementation, les crises sociales, sanitaires ou économiques, mais ce sont surtout les compétences du(de la) chef(fe) d’entreprise qui font la différence.
Dans les compétences du(de la) chef(fe) d’entreprise, on trouve des savoirs (droit, comptabilité, connaissances techniques, etc.), des savoir-faire ou hard skills, mais aussi et surtout des savoir-être ou soft skills telles que :
- La capacité à résoudre des problèmes,
- La capacité à convaincre, à vendre,
- La capacité à prendre des décisions,
- La capacité à se remettre en question, etc.
- La capacité à créer, à inventer, à « sortir du cadre »,
- La capacité à gérer ses émotions,
- La capacité à persévérer,
- La capacité à gérer les conflits, etc.
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Le créateur/repreneur d’entreprise a développé (ou pas) ces compétences tout au long de sa vie, pendant ses études (s’il en a fait), au travers de ses expériences professionnelles, mais également de sa vie personnelle. Chaque expérience lui a en fait permis de développer des savoir-être qui peuvent se révéler précieux à des moments-clefs.
Plus la vie du créateur/repreneur d’entreprise a été riche en expériences diverses et intenses et plus il a en réalité de chances de réussir dans son projet de création/reprise d’entreprise.
Steve jobs et les cours de calligraphie
Dans un discours, devenu célèbre de Steve Jobs à l’université de Stanford (2005) disponible sur YouTube, celui-ci raconte comment il eut l’idée qui allait faire le succès des MAC face aux PC. Cette idée, il la tira d’un cours reçu alors qu’il était encore étudiant dans une petite université américaine et en perdition scolaire, en quête de trouver sa voie.
Le fait qu’il existe de très nombreuses polices de caractère sur MAC dont certaines très design pour créer des documents très attractifs est ce qui a fait que les artistes et les créatifs du monde entier ont adopté immédiatement le MAC comme outil de travail. Car à l’époque les PC ne proposaient que des polices en nombre très limité.
Steve Jobs s’était inscrit à des cours de calligraphie pour passer le temps. Voilà comme un simple passetemps lui a donné l’idée qui a fait plus tard le succès de son entreprise. Vous voulez en savoir plus sur l’histoire de Steve Jobs et recevoir de sa part des conseils précieux, discutez directement avec lui en cliquant ici.
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2. Chercher les compétences-clefs
Bien sûr, il n’est pas toujours possible pour le créateur/repreneur de posséder toutes les compétences nécessaires pour réussir. Et il n’a pas forcément le temps ou l’énergie de se former sur chaque domaine. Sans compter, que pour être réellement opérante, une compétence doit s’être « frottée au réel ». On peut suivre une formation en management, mais c’est surtout en « manageant » que l’on apprend à tirer le meilleur d’une équipe et/ou d’un individu et en gérant que l’on apprend à faire les meilleurs choix économiques
Bref, dans un certain nombre de cas, le bilan de compétences entrepreneuriales poursuit un autre objectif que celui de permettre au créateur/repreneur d’identifier les compétences qu’il doit acquérir. Son objectif est alors d’identifier les compétences qu’il va devoir chercher à l’extérieur, chez des prestataires, des salariés et dans un certain nombre de cas (au moment de la création/reprise et les mois suivants pour des raisons économiques) chez des proches. La question à se poser est : qui peut pallier concrètement mon incompétence dans ce domaine-là ?
Hélène crée son entreprise d’artisanat
Hélène a créé une entreprise d’artisanat. C’était son rêve de créer des peluches réalisées à la main dans des matériaux 100% écologiques. Le bilan de ses compétences entrepreneuriales a révélé que si Hélène possédait toutes les compétences techniques pour réaliser ces peluches à la main, elle ne possédait aucune connaissance pour les vendre, notamment sur internet. Or aujourd’hui, une grande partie de ce type de produits se vend sur internet via des sites spécialisés comme Etsy, des boutiques en ligne et surtout sur les réseaux sociaux !!!
Bien sûr, Hélène aurait pu recourir à un prestataire internet qui aurait créé pour elle un site internet, une boutique en ligne et des pages sur les réseaux sociaux. Elle aurait aussi pu se former pour acquérir cette compétence. Le problème est que tout cela avait un coût et le montant de son investissement était limité. Voilà pourquoi Hélène a cherché dans son entourage des personnes qui pouvaient à la fois l’aider à créer des outils digitaux de vente performants et en même temps la former. L’un de ses cousins germains, Cédric, s’est porté volontaire.
C’est de cette façon qu’elle a appris. Une fois qu’elle est devenue suffisamment compétente, elle a géré par elle-même tous ses outils de vente digitaux. Plus tard quand son entreprise a grandi, elle a délégué ce travail à un prestataire extérieur. Mais à ce moment-là, elle savait de quoi elle parlait. Sa relation avec ce prestataire était donc efficace. Si elle avait travaillé avec un prestataire dès le début, celui-ci lui aurait pris sans doute le double de la somme qu’elle dépense actuellement, tout simplement parce qu’il aurait du tout faire !
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3. Définir la forme d’entreprise la plus adaptée
Une personne qui ne possède aucune compétence en marketing et qui ne peut pas mobiliser des personnes de son entourage réellement compétentes dans ce domaine aura des difficultés à lancer un nouveau concept d’entreprise BtoC. Une personne n’ayant aucune compétence managériale ne pourra pas reprendre un restaurant employant plus de cinq salariés… Les ambitions du créateur/repreneur l’empêchent parfois d’être mesuré dans ses choix. Le bilan de compétences entrepreneuriales est là pour le protéger.
Toute création/reprise d’entreprise est une aventure avec ses prises de risques, mais prendre des risques ne signifie pas pour autant se mettre en danger… Dit simplement, on n’essaie pas de traverser la Manche à la nage si on n’est pas un nageur expérimenté, surentraîné et bien équipé. On ne rachète pas une PME industriel employant 50 personnes parce que l’on a hérité d’un vieil oncle, si l’on n’a pas les compétences pour gérer ce type de structure… On doit prendre des risques, sortir de sa zone de confort, mais sans pénétrer dans sa zone de risque.
Mieux vaut commencer petit et progresser ensuite que d’avoir les yeux plus gros que le ventre et se lancer dans un projet pour lequel il nous manque trop de compétences. Le bilan de vos compétences entrepreneuriales est donc là pour vous aider à construire un projet à la mesure de vos compétences. Le temps et les réussites futures permettront à l’apprenti créateur/repreneur d’entreprise de s’aguerrir et de développer ses compétences. S’il le souhaite, il pourra alors embrasser des projets plus ambitieux et plus risqué.
C’est au crépuscule que le soleil veut le plus briller…
Lorsque son père décède, Stéphane a 52 ans. Il reçoit en héritage un chèque de 500.000 euros, une somme rondelette pour cet homme alors inscrit chez Pole Emploi. Aussitôt Stéphane se prend à rêver. Il rêve de devenir un grand chef d’entreprise reconnu et admiré. Les idées fusent dans son esprit. Il se voit déjà faire un prêt de 1 million d’euros et racheter une usine de mécanique de précision. Comme il le dit lui-même, il ne lui reste que dix ans avant d’être à la retraite, dix ans pour devenir à être cette personne qu’il a toujours rêvée d’être : un businessman fortuné !
Mais Stéphane n’a jamais géré une équipe de salariés. Il n’est pas expert en mécanique de précision. Et en plus il ne sait pas ce que c’est que de gérer des stocks et la production dans ce type d’entreprise qui travaille en flux-tendu avec de grands donneurs d’ordre. Le bilan de ses compétences entrepreneuriales met clairement à jour ses compétences limitées dans ces différents domaines et les zones de risque qui en découlent. Le constat de son bilan est qu’il ne devrait pas racheter une entreprise de cette taille, mais commencer par une structure plus petite.
Malgré les résultats de son bilan, Stéphane s’entête. Il n’écoute pas les conseils de la consultante qui l’accompagne. Il finit par réaliser un prêt qu’il obtient auprès de la banque en harcelant le conseiller professionnel et en mettant sa résidence principale en caution personnelle. Quelques mois après le rachat de la société, il dépose le bilan, perd l’héritage de son père et sa résidence principale à cause de son entêtement. Il aurait pu réussir s’il avait choisi d’avancer par étape. À vouloir trop rapidement toucher le soleil, il s’est brûlé les ailes… et a tout perdu !
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Auteur : Dr Emeric Lebreton, cofondateur et dirigeant du groupe ORIENTACTION (22/12/2023)
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