Le stress géopolitique par Emeric Lebreton, docteur en psychologie

1. Comprendre le stress géopolitique : une angoisse sans frontière

Depuis quelques années, un nouveau type de stress s’installe insidieusement dans nos vies : le stress géopolitique. Il ne vient pas de notre environnement immédiat, mais des événements qui secouent le monde : conflits armés, tensions internationales, menaces nucléaires, crises migratoires ou rivalités économiques. Même à des milliers de kilomètres, ces bouleversements nous affectent profondément.

Contrairement au stress traditionnel, souvent lié à une source identifiable (pression professionnelle, surcharge mentale, conflits personnels), le stress géopolitique est diffus, chronique et parfois irrationnel. Il émerge lorsque nous nous sentons impuissants face à des décisions prises loin de nous, mais dont les conséquences peuvent impacter notre sécurité, notre avenir économique ou celui de nos enfants.

2. Les symptômes et mécanismes du stress géopolitique

Ce stress peut se manifester par une anxiété latente, des troubles du sommeil, une irritabilité ou une difficulté à se projeter sereinement dans l’avenir. Certains développent une hyperconsommation d’informations (le “doomscrolling”), aggravant leur sentiment d’insécurité. D’autres sombrent dans une forme de résignation ou de fatalisme, convaincus qu’ils n’ont aucun pouvoir d’action.

Psychologiquement, ce stress active les mêmes circuits que ceux impliqués dans la peur d’un danger imminent : le cerveau déclenche une alerte face à un événement perçu comme potentiellement menaçant. Mais ici, il n’y a pas de fuite possible, pas de solution concrète à court terme. Ce flou nourrit un climat d’inquiétude prolongée, parfois jusqu’à la paralysie émotionnelle ou l’épuisement mental.

3. Apaiser l’angoisse géopolitique : des stratégies concrètes

Face à ce type de stress, il est crucial de reprendre du pouvoir sur ce qui dépend encore de nous. Voici quelques leviers simples mais efficaces :

• Limiter l’exposition aux nouvelles anxiogènes : choisir des moments précis dans la journée pour s’informer, via des sources fiables, et éviter de consulter les actualités en continu.
• Revenir au concret et à l’action locale : s’impliquer dans des projets de proximité (associations, solidarité, écologie) redonne une sensation d’utilité et d’influence.
• Travailler sur l’acceptation de l’incertitude : par des pratiques comme la méditation, l’écriture, la respiration consciente ou la thérapie, on apprend à vivre avec ce que l’on ne contrôle pas sans s’y noyer.

Enfin, il est bon de rappeler que l’être humain a traversé de nombreuses périodes de tension mondiale. Notre résilience collective est immense. Il ne s’agit pas de nier les enjeux, mais de rester ancré, lucide, et d’agir là où c’est encore possible — en soi, autour de soi, et parfois même plus loin qu’on ne le croit.

Dr. Emeric Lebreton, docteur en psychologie, auteur et fondateur d’ORIENTACTION® (16/06/2025)

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