Nous sommes nombreux à appartenir à une génération façonnée par la fiction. Pendant des décennies, les romans, le cinéma, les séries télévisées ont structuré notre manière de percevoir le monde.
Ces récits, riches, cohérents et continus, nécessitaient de l’attention, de l’imagination, et une forme d’engagement émotionnel. Ils nous plongeaient dans des univers où chaque détail avait un sens, chaque événement participait à une transformation, à une trajectoire.
Mais ce modèle narratif, si structurant, est en train de s’effacer. Une nouvelle forme de culture s’impose : celle de la captation. Portée par les réseaux sociaux, cette culture fragmentée ne repose plus sur la profondeur du contenu, mais sur la puissance de l’impact.
Ce changement de paradigme ne transforme pas seulement notre rapport à la culture, il modifie en profondeur notre fonctionnement psychique — et, par ricochet, notre manière de faire des choix, y compris dans le domaine politique.
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1. De la narration structurante à la captation fragmentée
Le récit traditionnel, qu’il soit littéraire ou cinématographique, nous invitait à suivre une histoire, à nous inscrire dans une logique temporelle et causale. Il demandait du temps, de l’attention, et une capacité à entrer dans la complexité.
Dans ce schéma, comprendre signifiait relier les événements entre eux, identifier les évolutions, interpréter les motifs. Ce n’était pas qu’un divertissement : c’était une forme d’apprentissage, voire un outil thérapeutique. En psychologie, raconter sa vie permet d’en reconstruire le sens.
Les réseaux sociaux ont bousculé ce cadre. Sur Facebook, Instagram, TikTok ou YouTube, le fil d’actualité ne suit aucune logique narrative. Il juxtapose des fragments, des micro-événements, des images chocs, des vidéos virales. L’attention, ressource de plus en plus rare, devient la cible principale. Le contenu n’a plus besoin d’être approfondi ou cohérent ; il doit simplement frapper, captiver, provoquer une réaction immédiate. L’utilisateur ne suit plus une histoire, il réagit à une succession de stimulations.
2. Une mémoire altérée, une décision affaiblie
Ce changement affecte notre manière de traiter l’information. Là où la narration favorisait la construction d’une mémoire à long terme, d’un savoir structuré, la logique des réseaux sociaux favorise une mémoire instantanée, fragmentée, émotionnelle. Nous retenons des images, des phrases-chocs, des visages, mais rarement des idées complexes ou des positions nuancées. Le cerveau est sursollicité, mais il assimile peu.
Dans le champ politique, les conséquences sont considérables. Ce ne sont plus les discours construits, les engagements de fond ou les visions de long terme qui marquent les esprits, mais la capacité à occuper l’espace mental par une présence constante. Un candidat peut aujourd’hui affirmer une chose un jour, son contraire le lendemain, sans que cela ne nuise à sa crédibilité. Ce n’est plus la cohérence qui est valorisée, mais l’omniprésence. La visibilité l’emporte sur la vérité.
Le jour du vote, les électeurs ne se remémorent pas forcément le parcours d’un candidat, ni la solidité de ses propositions. Ce qui revient à l’esprit, c’est un visage, un geste marquant, une formule virale. Les réseaux sociaux, en reconfigurant notre mémoire, altèrent notre capacité à faire des choix rationnels et profonds.
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3. Un outil de communication devenu machine à remodeler le psychisme
Il serait erroné de considérer les réseaux sociaux comme de simples supports de communication. Ils sont bien plus que cela : des environnements cognitifs, qui influencent notre manière de penser, de ressentir, de juger. Leur logique algorithmique sélectionne les contenus non pas selon leur pertinence, mais selon leur potentiel de captation. L’engagement est mesuré en « likes », « partages », « vues », non en qualité d’argumentation.
Cette logique transforme aussi notre rapport au politique. Elle favorise l’émotion immédiate sur la réflexion, la polarisation sur le débat, le clash sur la construction. Elle récompense les personnalités capables de générer du buzz, au détriment de celles qui proposent des visions complexes, exigeantes, mais moins spectaculaires.
À long terme, c’est notre démocratie qui en souffre : si nous ne choisissons plus en fonction de programmes, mais en fonction de stimuli, alors nous ne décidons plus — nous réagissons.
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Conclusion
Le passage d’un monde de récits à une culture de la captation transforme notre rapport à l’information, à la mémoire, et au politique. Ce que nous pensions être un simple changement de format est en réalité une mutation profonde de notre psychisme collectif. Face à cela, il devient urgent de recréer des espaces où la réflexion, la cohérence et le long terme peuvent exister.
C’est dans cette optique que j’ai conçu, en collaboration avec Sciences Po Paris, un test qui aide les citoyens à faire des choix politiques non pas en fonction de l’impact émotionnel, mais du fond des propositions.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie et PDG du groupe ORIENTACTION (17/04/2025)
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