
Le 23 mai 2025, Paris a été partiellement paralysée par une manifestation de grande ampleur des chauffeurs de taxi, en colère contre la réforme du transport sanitaire. La Gare de Lyon, entre autres, a été fortement perturbée.
Mais derrière ce fait divers social, se cache une problématique bien plus profonde : celle des marchés artificiellement créés par la dépense publique et des pièges qu’ils tendent à ceux qui s’y engagent.
Un marché artificiel devenu vital
Depuis des années, une large part du chiffre d’affaires de certains taxis repose sur les transports médicaux remboursés par la Sécurité sociale. Ce segment a été ouvert et encouragé par l’État, créant une dépendance croissante pour les professionnels qui y ont vu une source de revenus stable et prévisible. Beaucoup se sont donc spécialisés, ont investi dans des véhicules adaptés, structuré leur activité autour de ces courses.
La réforme actuelle vise à rationaliser cette dépense, en mutualisant certains trajets ou en imposant des appels d’offres. Résultat : ce qui a été un jour une opportunité offerte par la puissance publique devient aujourd’hui une menace existentielle pour ceux qui en ont fait leur pilier.
L’effet de cliquet : un piège invisible
Cette situation illustre parfaitement l’effet de cliquet. Lorsqu’un secteur économique se développe artificiellement à partir de fonds publics, il devient extrêmement difficile de revenir en arrière sans provoquer de vives tensions sociales. Les bénéficiaires ne sont pas responsables de l’existence du système ; ils s’y sont simplement adaptés. Et dès qu’on tente de modifier les règles du jeu, leur réaction est vive, souvent émotionnelle, parfois violente. Ce n’est pas seulement une perte de revenus qui est redoutée, mais une perte de sens, d’identité, de statut.
En psychologie, on parle de désorientation structurelle : lorsque les fondations d’une activité ou d’une vie sont ébranlées sans accompagnement, cela engendre colère, peur et résistance. Et ces émotions sont légitimes, car l’État a participé activement à créer ce système.
Dépenses publiques : prudence et responsabilité
Ce constat doit nous inviter à une profonde réflexion. Créer de nouveaux marchés via la dépense publique ne peut se faire à la légère. Chaque euro injecté dans un secteur crée des dépendances futures, des comportements économiques induits, et donc, des attentes. Réduire ensuite ces dépenses devient presque politiquement et humainement impossible, car cela revient à casser une promesse implicite.
Cela pose une question centrale : ne faut-il pas, en amont, limiter l’émergence de marchés entièrement soutenus par les fonds publics ? Réduire la dépendance des activités économiques aux subventions, aides et dispositifs spécifiques serait une voie pour prévenir non seulement les déficits budgétaires, mais aussi les crises sociales à répétition.
Conclusion
La manifestation des taxis n’est pas un simple mouvement corporatiste. Elle est le symptôme d’un modèle économique fondé sur la dépense publique mal anticipée et mal pilotée. Il est urgent de repenser notre manière de soutenir les activités économiques. Car si l’État veut éviter de créer, puis de devoir démanteler, des marchés artificiels générateurs de frustration et de colère, il doit désormais gouverner avec lucidité, sur le long terme — et surtout avec prudence.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie et entrepreneur (26/05/2025)
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