L’histoire se passe dans une famille traditionnelle française. Un vieux monsieur, que l’on appellera Pierre, était tombé gravement malade suite au décès de sa femme. Au bout d’un certain temps, Pierre arriva au point de ne plus être en mesure d’effectuer les simples gestes de la vie quotidienne. Décision fut donc prise par la famille de l’héberger chez son fils aîné, homme marié et père d’un petit garçon de 5 ans. Le vieil homme n’en était pas moins affaibli, sa vue continuait de baisser, ses mains tremblaient un peu plus chaque jour ; de sorte qu’il ne se passait plus un seul repas sans qu’il renverse son verre sur la nappe ou du gratin de pommes de terre sur le parquet vitrifié.
Sa bru et son fils perdaient patience au fil du temps et ne se retenaient plus de grogner après Pierre au moindre mouvement malencontreux.
Un soir, son fils installa une petite table basse dans un coin obscur de la salle à manger.
« Ainsi, si tu manges comme un cochon, je n’aurai plus à en assumer les conséquences », déclara la bru d’un air sentencieux. De même, ses repas ne lui étaient plus servis que dans un vulgaire bol en bois, car il était arrivé que Pierre fît une fois ou deux tomber son assiette. Pierre n’avait de toute façon d’autre choix que de subir en silence cette humiliante situation et il n’était pas rare de l’entendre sangloter.
Pendant ce temps, son petit-fils avait coutume de jouer à proximité. Un soir, on le vit occupé avec des morceaux de bois, un jeu assez inhabituel pour un enfant de son âge.
Son père le remarqua et curieux s’approcha : « Quel est donc ce nouveau jeu, mon garçon ? », lui demanda-t-il.
« Je suis en train de vous fabriquer un bol pour toi et maman, comme ça, quand je serai grand, vous pourrez vous en servir », répondit l’enfant.
Ses parents furent, de prime abord, estomaqués par cette réponse. Le silence se fit, mais bien vite ils comprirent et se mirent à pleurer.
Le lendemain matin au petit-déjeuner la table basse avait disparu et Pierre put reprendre sa place à la table familiale. Il ne lui fut plus jamais rien reproché.
Par égoïsme ou par bêtise, il nous arrive parfois de négliger les autres, de ne pas les prendre en considération. C’est une grave erreur qui peut se retourner contre nous à n’importe quel moment. Ce qui arrive à nos semblables aujourd’hui peut demain nous arriver. Nous sommes tous embarqués dans le même bateau. Savoir être humain, se mettre à la place de l’autre, reléguer au second plan les petits tracas quotidiens pour aider son prochain est le commencement de la sagesse.
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