Un théâtre inconscient sous les néons des open spaces
Quand on pense à l’entreprise, on imagine d’abord les objectifs, les réunions, les deadlines, les logiciels de gestion, les KPI et les réunions du lundi matin. Pourtant, au cœur de ces environnements organisés, un autre monde se joue en sourdine : celui de l’inconscient.
Comme les scènes d’un théâtre invisible, les relations professionnelles sont traversées par des mécanismes psychiques profonds, issus de notre histoire personnelle. L’un des plus puissants d’entre eux s’appelle la projection. Et il est à l’œuvre bien plus souvent qu’on ne le croit.
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Comprendre la projection en entreprise
La projection est un mécanisme de défense identifié par la psychanalyse. Il consiste à attribuer à autrui des émotions, des intentions ou des défauts qui nous appartiennent mais que nous refusons ou ne reconnaissons pas consciemment.
En entreprise, ce processus psychique peut avoir des conséquences très concrètes : tensions relationnelles, erreurs d’interprétation, conflits de loyauté, malentendus persistants, sabotage inconscient… Le lieu de travail devient alors un miroir grossissant de nos conflits internes, souvent hérités de notre passé.
Trois exemples concrets de projection au travail
1. Le manager vu comme un parent
L’un des terrains les plus fréquents de projection concerne la figure d’autorité. Le manager devient alors, inconsciemment, le père ou la mère. Cette confusion psychique peut entraîner :
- Une opposition systématique à l’autorité (comme un adolescent en crise),
- Une quête de reconnaissance affective : plaire, séduire, obtenir des signes d’approbation ou d’amour,
- Une attente irréaliste de protection ou d’attention, comme un enfant qui espère être réparé par ses parents.
Ces dynamiques parasitent la relation professionnelle et peuvent épuiser autant le collaborateur que le manager.
2. Les blessures de vie qui rejouent leur partition
Certaines personnes arrivent en entreprise avec des blessures émotionnelles non cicatrisées : abandon, trahison, rejet, humiliation… Sans s’en rendre compte, elles interprètent les comportements des autres à travers ce prisme blessé.
Exemples :
- Une personne ayant vécu une trahison amicale peut redouter que ses collègues parlent dans son dos.
- Quelqu’un ayant manqué d’amour parental peut vivre une simple critique comme une attaque personnelle.
- Un salarié avec un passé d’exclusion sociale peut interpréter un désaccord comme une volonté de l’exclure.
Le travail devient alors un champ de réactivation émotionnelle permanente.
3. Quand le prestataire projette sa peur de l’échec sur le client
La projection ne concerne pas uniquement les salariés. Les indépendants, consultants et prestataires y sont également soumis.
Un prestataire qui doute de ses compétences peut projeter sa peur de l’échec sur son client, imaginant par exemple :
- Que le client est insatisfait alors qu’il ne l’a jamais exprimé,
- Qu’il faut constamment en faire plus pour ne pas être jugé,
- Ou, dans un mouvement d’auto-sabotage, que la relation est vouée à l’échec.
Résultat : surajustement, hyper-contrôle ou crispation qui peuvent justement nuire à la qualité de la collaboration.
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Pourquoi c’est important d’en prendre conscience
Comprendre ces dynamiques ne signifie pas psychologiser à outrance tous les comportements au travail. Il ne s’agit pas de diagnostiquer chacun de nos collègues. Mais reconnaître que nos affects, nos blessures et notre histoire personnelle s’invitent dans le monde professionnel est une clé puissante pour mieux vivre les relations de travail.
C’est aussi un levier précieux pour les managers, les RH et les professionnels de l’accompagnement (coachs, psychologues, consultants), afin de mieux accueillir certains comportements parfois déroutants.
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Conclusion : Apaiser l’invisible pour libérer l’énergie collective
L’entreprise est plus qu’un espace de production : c’est un espace relationnel, humain, sensible. Quand nous comprenons les mécanismes inconscients qui nous traversent, nous devenons plus libres, plus lucides, et paradoxalement… plus professionnels.
Il ne s’agit pas de faire de la psychanalyse en salle de réunion, mais d’ouvrir un espace de conscience pour sortir des réactions automatiques. Car derrière les conflits, les résistances, ou les attentes irréalistes, il y a souvent une histoire. Et mieux comprendre ces histoires, c’est déjà commencer à écrire une nouvelle page.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (01/08/2025)
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