Comment les espaces nous influencent (et nous subliment)

Ces “espaces autres” qui transforment notre perception

Le philosophe Michel Foucault parlait d’hétérotopies : ces espaces “autres”, à la fois réels et symboliques, où les règles du monde ordinaire semblent suspendues.
Dans ces lieux, notre rapport au temps, à nous-mêmes et aux autres se modifie subtilement.
J’aime cette idée que certains espaces nous transportent hors de la routine, qu’ils ouvrent une brèche dans le réel, un passage vers un état de conscience différent.

Ces lieux peuvent être un jardin, une bibliothèque, un atelier, un bureau lumineux…
Chaque espace agit comme un amplificateur : il fait résonner en nous des parties de nous-mêmes parfois oubliées.

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Le Café de Flore, un lieu chargé de mémoire et d’inspiration

L’un de mes endroits préférés à Paris, bien que souvent envahi de touristes, est le Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés.
C’est un lieu mythique, presque sacré à mes yeux.

J’aime m’y installer, face à la rue animée, et imaginer les fantômes bienveillants de ceux qui l’ont fréquenté avant moi : Sartre, Simone de Beauvoir, Hemingway, Camus, Picasso, Giacometti…
Entre ces murs ont surgi des idées, des romans, des révolutions intellectuelles.

Quand je m’y assieds, je sens encore cette effervescence vibrer dans l’air.
Ce lieu me pousse à me dépasser, à élever mes pensées, à affiner mes mots. Il m’invite à être plus créatif, plus inventif, à atteindre un niveau d’exigence supérieur.

C’est comme si le Flore me parlait, me disait : “Sois à la hauteur de ce que tu penses.”

Choisir nos lieux, c’est choisir qui nous voulons devenir

Chaque espace porte en lui une mémoire invisible.
Entrer dans un lieu, c’est dialoguer avec cette mémoire.
Et peut-être qu’en choisissant consciemment les espaces que nous habitons, nous choisissons aussi les versions de nous-mêmes que nous voulons devenir.

Certains lieux nous élèvent, d’autres nous enferment.
Les premiers nourrissent notre énergie, stimulent notre imagination, renforcent notre ancrage.
Les seconds nous vident, nous retiennent, nous épuisent.

J’invite chacun à observer cela : quels sont les lieux dans lesquels vous vous sentez vivant ? inspiré ? en paix ?
Les espaces que nous choisissons ne sont pas de simples décors : ils participent à notre transformation.

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Conclusion

Nous ne faisons qu’un avec les lieux que nous habitons.
Ils influencent nos pensées, nos émotions, nos décisions.
Ils peuvent nous enfermer ou nous ouvrir, nous éteindre ou nous révéler.

Je crois profondément que l’espace n’est pas neutre : il est une part de notre psychologie élargie.
Et en apprenant à choisir consciemment nos lieux — de vie, de travail, de création —, nous apprenons aussi à devenir plus pleinement nous-mêmes.

Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (24/10/2025)

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