Depuis la mise en place de la Ve République, l’article 12 de la Constitution offre au président le pouvoir redoutable de dissoudre l’Assemblée nationale. Une arme politique conçue comme un moyen de débloquer des crises parlementaires, mais qui s’avère parfois un boomerang pour celui qui l’utilise.
L’exemple le plus marquant reste celui de Jacques Chirac en 1997 : une dissolution surprise qui a fini par lui coûter sa majorité et l’a contraint à gouverner en cohabitation avec la gauche.
En 2024, Emmanuel Macron a repris le même pari, avec des conséquences tout aussi déstabilisatrices.
Et aujourd’hui, en septembre 2025, François Bayrou se prépare à un vote de confiance dont l’issue pourrait rouvrir la boîte de Pandore d’une nouvelle dissolution.
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1. 1997 : Chirac et la dissolution qui change tout
Un contexte social explosif
Jacques Chirac arrive au pouvoir en 1995 avec une large majorité de droite à l’Assemblée, héritée des élections de 1993. Mais très vite, le climat social se dégrade. Le plan Juppé sur les retraites et la Sécurité sociale déclenche la grande grève de novembre-décembre 1995, qui paralyse le pays et fragilise le gouvernement.
À deux ans des législatives prévues en 1998, la popularité de la majorité s’effrite, et Chirac redoute une usure encore plus grande s’il attend l’échéance normale.
Le pari de la dissolution
En avril 1997, Chirac surprend tout le monde : il dissout l’Assemblée. L’idée est de prendre de court l’opposition et de renforcer sa légitimité. Mais le calcul est mauvais.
La campagne législative redonne de la vigueur à la gauche, qui se rassemble autour de Lionel Jospin et de la « gauche plurielle » (PS, PCF, Verts, radicaux, chevènementistes).
La sanction des urnes
Les élections de juin 1997 se soldent par une victoire claire de la gauche. Chirac perd sa majorité et doit nommer Jospin à Matignon. La France entre dans une cohabitation de cinq ans, la plus longue de la Ve République.
Pendant cette période, le gouvernement Jospin conduit des réformes sociales majeures (les 35 heures, la couverture maladie universelle, le PACS), tandis que Chirac reste affaibli jusqu’à sa réélection en 2002.
Leçon : une dissolution mal calibrée peut se transformer en pari perdant qui affaiblit durablement le président.
2. 2024 : Macron face au piège de la dissolution
Le contexte avant juin 2024
Comme en 1997, la dissolution de 2024 survient dans un climat de crise politique. Depuis les législatives de 2022, Emmanuel Macron ne disposait que d’une majorité relative. Le gouvernement multipliait les 49.3 et peinait à faire passer ses réformes.
La réforme des retraites, en particulier, avait suscité des mois de contestation sociale.
Aux élections européennes de juin 2024, le Rassemblement national arrive largement en tête. Emmanuel Macron choisit de réagir immédiatement : le soir même, il annonce la dissolution de l’Assemblée, invoquant la nécessité de « redonner la parole au peuple ».
Une Assemblée éclatée
Les élections législatives anticipées, organisées fin juin et début juillet 2024, ne débouchent pas sur la clarté espérée.
- Le RN progresse nettement.
- La gauche se rassemble dans un Nouveau Front populaire.
- La majorité présidentielle recule fortement.
Résultat : aucune majorité absolue. L’Assemblée devient un champ de forces contradictoires. Le scénario de 1997 se répète : au lieu de renforcer sa position, le président a accentué l’instabilité.
Gouvernements fragiles et paralysie
Depuis l’été 2024, plusieurs tentatives de gouvernements échouent : Michel Barnier est renversé par une motion de censure, François Bayrou est nommé en décembre mais reste sans majorité solide.
La dissolution a plongé le pays dans une instabilité durable, révélant les limites d’un système présidentiel sans majorité parlementaire.
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3. Septembre 2025 : Bayrou au pied du mur, Macron face à un dilemme
Le vote de confiance de Bayrou
Ce 8 septembre 2025, François Bayrou va demander un vote de confiance à l’Assemblée. Tout laisse penser qu’il sera rejeté : le RN, la gauche et une partie de la droite sont déterminés à lui tourner le dos. Si ce rejet se confirme, la crise entrera dans une nouvelle phase critique.
Les options de Macron
Deux scénarios s’ouvrent alors à Emmanuel Macron:
- Nommer un nouveau Premier ministre, au risque d’une nouvelle impasse si aucune coalition ne se forme.
- Dissoudre à nouveau l’Assemblée, maintenant que le délai constitutionnel d’un an après la précédente dissolution est écoulé. Mais une dissolution après celle de 2024 serait une arme à double tranchant : elle pourrait offrir une majorité claire au RN ou au Nouveau Front populaire, affaiblissant encore davantage la présidence.
Un parfum de 1997
La situation actuelle rappelle fortement celle de 1997 : un président fragilisé, un pari risqué sur la dissolution, et la menace de voir l’opposition triompher dans les urnes.
Comme Chirac à l’époque, Emmanuel Macron se trouve pris au piège de l’arme constitutionnelle qu’il a lui-même dégainée.
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Conclusion
L’histoire politique française montre que la dissolution, censée être un outil de clarification démocratique, est surtout un pari incertain. Jacques Chirac l’a appris à ses dépens en 1997. Emmanuel Macron l’expérimente depuis 2024.
Aujourd’hui, François Bayrou vit en direct les conséquences de cette stratégie, avec un vote de confiance qui pourrait précipiter une nouvelle crise. La dissolution est une arme fatale : elle peut sauver un président… ou l’enterrer politiquement.
En 2025, la France se retrouve face à un choix crucial : persévérer dans une instabilité institutionnelle ou accepter une recomposition radicale du paysage politique.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (08/09/2025)
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