Le 9 juin 2024, au soir des élections européennes, Emmanuel Macron surprend le pays et ses partenaires internationaux en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale. Une décision rare, prise dans l’urgence face à une poussée du Rassemblement national et à une majorité présidentielle fragilisée.
Quinze mois plus tard, les effets de ce pari politique se font encore sentir : François Bayrou, nommé Premier ministre en décembre 2024, affronte ce 8 septembre 2025 un vote de confiance dont l’issue s’annonce défavorable.
Pour comprendre cette crise politique prolongée, il faut revenir sur l’acte fondateur de 2024, analyser ses conséquences institutionnelles, et observer comment il conditionne aujourd’hui le climat politique français.
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1. Juin 2024 : une dissolution surprise qui bouleverse le jeu politique
Le contexte
Avant même les européennes de juin 2024, le gouvernement peinait à gouverner. L’Assemblée nationale élue en 2022 ne donnait à la majorité présidentielle qu’une majorité relative.
Les lois étaient adoptées au prix de compromis fragiles ou via le 49.3. Le RN progressait, la gauche tentait de se rassembler, et la droite cherchait sa place.
Le soir du 9 juin 2024, les résultats tombent : le Rassemblement national arrive largement en tête. Emmanuel Macron, prenant de court même ses proches, annonce dans la foulée la dissolution de l’Assemblée, en application de l’article 12 de la Constitution.
Objectif affiché : « redonner la parole au peuple » et clarifier la situation parlementaire.
Les législatives anticipées
Les élections législatives sont fixées dans un délai très court, les 30 juin et 7 juillet 2024. La campagne est intense :
- Le RN espère transformer son succès européen en victoire nationale.
- La gauche se coalise sous une nouvelle bannière, le Nouveau Front populaire.
- La majorité présidentielle tente de sauver ses sièges en s’appuyant sur l’argument de la stabilité.
Résultat : une Assemblée éclatée, sans majorité absolue. Le RN progresse, le Nouveau Front populaire réalise une percée, la majorité présidentielle recule. Aucun bloc n’est en mesure de gouverner seul.
Une Assemblée fragmentée
Cette recomposition débouche sur un Parlement plus représentatif des fractures politiques françaises, mais presque ingouvernable. Dès l’été 2024, les négociations pour constituer une coalition échouent.
La France entre dans une séquence d’instabilité que la Constitution, paradoxalement, fige : une nouvelle dissolution est interdite avant un an.
2. Une instabilité institutionnelle sans précédent
Gouvernements éphémères
De juillet à décembre 2024, plusieurs tentatives de gouvernements se succèdent. Michel Barnier est un temps nommé Premier ministre dans une logique d’union nationale, mais il est rapidement renversé par une motion de censure.
En décembre, Emmanuel Macron choisit François Bayrou, figure centriste expérimentée et réputée conciliatrice, pour Matignon.
Une Assemblée paralysée
La dissolution de 2024 a eu un effet paradoxal : elle devait renforcer la gouvernabilité, mais elle a au contraire accentué la paralysie. Aucun bloc ne peut imposer ses lois, et aucun compromis durable n’émerge. Les débats sont tendus, les motions de censure fréquentes, et le recours à des gouvernements “par défaut” devient la norme.
Les conséquences sociales et politiques
Cette instabilité a plusieurs effets :
- Économiques : de nombreuses réformes (transition énergétique, budget de la défense, réforme des retraites complémentaires) sont suspendues.
- Politiques : la défiance des citoyens envers les institutions s’accentue. Les sondages montrent une lassitude et un désenchantement face à des responsables politiques perçus comme incapables de gouverner.
- Institutionnels : la Ve République, bâtie sur un présidentialisme fort, se heurte à la réalité d’un Parlement fragmenté, mettant en lumière les limites du système.
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3. Septembre 2025 : Bayrou face à un vote de confiance décisif
Le gouvernement Bayrou
Nommé en décembre 2024, François Bayrou a tenté d’incarner une figure de compromis. Mais son gouvernement n’a jamais disposé d’une base parlementaire solide. Il a survécu par une stratégie d’équilibriste, en jouant tour à tour la carte du dialogue avec la gauche et celle d’une certaine proximité avec les Républicains.
Le vote de confiance du 8 septembre 2025
Aujourd’hui, Bayrou affronte un vote de confiance qui s’annonce perdu d’avance. Le RN, le Nouveau Front populaire, une partie de la droite et même certains élus centristes refusent de le soutenir. Le rejet de cette confiance marquera une nouvelle étape dans la crise.
Emmanuel Macron, lui, se retrouve piégé : il ne peut dissoudre à nouveau qu’à partir de juin 2025 (la Constitution impose un délai d’un an après la dernière dissolution). La dissolution de 2024 continue donc d’entraver toute sortie par le haut.
Une crise politique durable
Cette situation reflète une France en tension :
- Un président affaibli, incapable de stabiliser une majorité.
- Un Premier ministre fragilisé, usé par l’arithmétique parlementaire.
- Une Assemblée éclatée, incapable de construire des compromis durables.
Les oppositions se préparent déjà à de nouvelles élections anticipées, avec en embuscade un RN toujours plus confiant et une gauche qui rêve de rééditer ses succès de 2024.
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Conclusion
La dissolution de juin 2024, loin d’avoir clarifié le paysage politique, a ouvert une période de chaos institutionnel.
Quinze mois plus tard, François Bayrou en paie le prix, avec un vote de confiance qui menace son gouvernement. Emmanuel Macron, affaibli et sans majorité, incarne une présidence en sursis.
La France vit une séquence inédite de sa Ve République, où l’instabilité parlementaire, la montée des extrêmes et l’usure du pouvoir présidentiel se conjuguent.
La rentrée 2025 ne marque pas une sortie de crise, mais la prolongation d’un blocage dont l’origine se trouve dans cette fameuse soirée du 9 juin 2024.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (08/09/2025)
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