La « dissolution de l’Assemblée nationale » est une formule qui réapparaît régulièrement dans le débat public français. Souvent perçue comme un geste spectaculaire du président de la République, elle suscite fascination et inquiétude.
Prévue par l’article 12 de la Constitution de 1958, elle permet au chef de l’État de mettre fin au mandat des députés et d’organiser de nouvelles élections législatives.
Huit fois utilisée depuis le début de la Ve République, elle a marqué des tournants politiques majeurs : de la crise de Mai 68 au pari raté de Jacques Chirac en 1997, jusqu’à la décision d’Emmanuel Macron en 2024 qui a plongé le pays dans une instabilité durable.
Et aujourd’hui, le 9 septembre 2025, elle revient au centre de l’actualité : François Bayrou, après le rejet de son vote de confiance, a remis sa démission. Emmanuel Macron doit trouver une solution.
Dissoudre à nouveau l’Assemblée ? Peu probable, mais pas impossible. Pour comprendre ce choix, il faut revenir sur ce que signifie vraiment une dissolution et sur ses implications profondes.
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1. Dissolution : un outil constitutionnel pensé comme un garde-fou
Le cadre juridique
La Constitution de 1958 a confié au président le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale (article 12). Cet acte doit être précédé d’une consultation du Premier ministre et des présidents des deux chambres, mais la décision finale appartient au chef de l’État.
Les nouvelles élections doivent se tenir dans un délai de 20 à 40 jours. Pendant ce laps de temps, l’Assemblée cesse ses travaux : commissions, textes en discussion, tout est suspendu.
La philosophie du texte
Pour les pères fondateurs de la Ve République, notamment Michel Debré et le général de Gaulle, la dissolution devait être un outil d’équilibre.
Elle visait à éviter les blocages du régime parlementaire instable de la IVe République, où les gouvernements tombaient les uns après les autres. En permettant au président de « rendre la parole au peuple », elle offrait une sortie démocratique face à une crise politique ou institutionnelle.
Dans les faits
La dissolution n’est pas une sanction en soi, mais un pari démocratique :
- Elle peut renforcer le président s’il obtient une nouvelle majorité.
- Mais elle peut se retourner contre lui, si les électeurs choisissent d’exprimer leur mécontentement.
C’est cette incertitude qui la rend à la fois fascinante et périlleuse.
2. Huit dissolutions, huit contextes politiques
Chaque dissolution raconte une époque et révèle les fragilités de la République :
- 1962 (De Gaulle) : contesté après avoir proposé l’élection du président au suffrage universel, il dissout et en sort renforcé.
- 1968 (De Gaulle) : après Mai 68, il dissout pour rétablir l’autorité de l’État. Résultat : raz-de-marée gaulliste à l’Assemblée.
- 1981 (Mitterrand) : à peine élu président, il aligne l’Assemblée sur sa victoire. La gauche obtient une majorité nette.
- 1988 (Mitterrand) : réélu, il dissout mais ne décroche qu’une majorité relative. Commence alors une ère de compromis et d’instabilité parlementaire.
- 1997 (Chirac) : dissolution surprise. Chirac espère consolider sa majorité, mais c’est l’échec : victoire de la gauche plurielle, début de cinq ans de cohabitation avec Lionel Jospin.
- 2024 (Macron) : face à un Parlement fragmenté et au score record du RN aux européennes, Macron dissout. Résultat : une Assemblée encore plus éclatée, sans majorité claire, et une paralysie politique durable.
Bilan : dans quatre cas, la dissolution a renforcé le président (1962, 1968, 1981, partiellement 1988). Dans deux cas, elle l’a affaibli durablement (1997, 2024).
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3. Septembre 2025 : Macron, Bayrou et l’ombre d’une neuvième dissolution
Le coup de tonnerre du 9 septembre
Ce mardi 9 septembre 2025, François Bayrou a vu sa demande de confiance rejetée par l’Assemblée. Sans soutien suffisant, il a présenté sa démission à l’Élysée.
Cette défaite illustre la fragilité d’un gouvernement installé depuis décembre 2024, qui peinait à gouverner avec une majorité relative introuvable.
Les options pour Macron
Emmanuel Macron se retrouve face à un dilemme inédit :
- Nommer un nouveau Premier ministre. Mais qui accepterait une mission quasi impossible : gouverner avec une Assemblée fracturée entre RN, Nouveau Front populaire et une majorité présidentielle réduite ?
- Dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale. Légalement possible, puisque plus d’un an s’est écoulé depuis juin 2024. Mais ce scénario est jugé hautement risqué : il pourrait donner une majorité absolue au RN, ou renforcer la gauche, laissant la majorité présidentielle marginalisée.
Un choix lourd de conséquences
La dissolution est donc une carte que Macron garde en main, mais qu’il hésite à jouer. Elle serait la neuvième de la Ve République, et la deuxième en deux ans : du jamais vu.
Plus encore, elle poserait une question de fond : peut-on gouverner durablement une France où aucun bloc ne parvient à constituer une majorité stable ?
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Conclusion
La dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas un simple geste technique. C’est un acte politique majeur, qui engage l’avenir du pays et redessine ses équilibres. Huit fois utilisée depuis 1958, elle a parfois sauvé un président, mais souvent aggravé ses difficultés.
Emmanuel Macron le sait mieux que quiconque : en 2024, il a tenté le pari et récolté la paralysie.
Aujourd’hui, après la démission de François Bayrou, il doit choisir entre bricoler une nouvelle majorité introuvable ou prendre le risque d’une nouvelle dissolution.
Mais l’histoire l’enseigne : la dissolution n’apporte pas toujours la clarté espérée. Elle révèle, au contraire, les failles profondes d’une Ve République en quête de stabilité.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (09/09/2025)
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