La dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas un geste anodin. Depuis 1958, elle a façonné certains des épisodes les plus marquants de la Ve République, entre renforcement du pouvoir présidentiel et erreurs politiques fatales.
Emmanuel Macron, en dissolvant l’Assemblée en juin 2024, a espéré restaurer une forme de clarté institutionnelle. Quinze mois plus tard, force est de constater que le pari a échoué : le rejet du vote de confiance de François Bayrou le 9 septembre 2025 a précipité sa démission, plongeant Matignon dans un nouveau vide.
La question qui hante désormais les couloirs de l’Élysée comme ceux du Palais Bourbon : Emmanuel Macron va-t-il, ou non, recourir à une nouvelle dissolution ?
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1. 2024 : une dissolution censée clarifier, mais qui a plongé le pays dans la confusion
La décision d’Emmanuel Macron, le 9 juin 2024, a pris de court la classe politique comme les observateurs étrangers. En dissolvant l’Assemblée nationale au soir de la victoire écrasante du Rassemblement national aux européennes, le président affirmait vouloir « redonner la parole au peuple ».
L’objectif affiché était double :
- mettre fin à la paralysie d’une majorité relative qui gouvernait à coups de 49.3,
- et forcer les partis à se clarifier devant les électeurs.
Mais les élections législatives de juin-juillet 2024 n’ont rien réglé :
- le RN a confirmé son ascension,
- la gauche s’est unie dans le Nouveau Front populaire et a progressé,
- la majorité présidentielle a reculé encore davantage.
Résultat : une Assemblée nationale éclatée, sans majorité absolue, où aucun bloc n’a pu s’imposer. Loin de clarifier, la dissolution a institutionnalisé le blocage.
2. Septembre 2025 : après la chute de Bayrou, un exécutif en quête d’oxygène
La nomination de François Bayrou en décembre 2024 avait été pensée comme une solution de compromis. Figure centriste, partenaire historique de Macron, il incarnait une tentative d’ouverture et de dialogue. Mais faute de majorité stable, son gouvernement a rapidement ressemblé à un équilibre précaire.
Le 9 septembre 2025, ce fragile édifice s’est effondré. L’Assemblée a refusé de lui accorder sa confiance, forçant Bayrou à la démission. Cet épisode révèle plusieurs failles structurelles :
- Un Parlement verrouillé : aucun des trois blocs (RN, gauche, majorité présidentielle) ne veut céder, chacun pariant sur la prochaine échéance électorale.
- Un président affaibli : après l’échec de la dissolution de 2024, Macron n’a plus de crédibilité pour imposer un cap.
- Un exécutif sans marges : chaque Premier ministre potentiel risque de subir le même sort que Bayrou, faute de coalition viable.
Ce rejet n’est pas seulement un revers personnel pour Bayrou : il est le symptôme d’un régime qui peine à fonctionner sans majorité claire.
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3. Dissolution 2025 : un scénario possible, mais hautement improbable
L’hypothèse d’une nouvelle dissolution est sur toutes les lèvres depuis la démission de Bayrou. Juridiquement, elle est désormais possible : plus d’un an s’est écoulé depuis celle de 2024. Mais politiquement, le risque est immense.
- Un électorat volatile : les sondages indiquent que le RN et le Nouveau Front populaire profiteraient davantage d’un retour aux urnes que la majorité présidentielle. Dissoudre, ce serait prendre le risque de transformer l’Assemblée en bastion de l’opposition.
- Un président affaibli : une seconde dissolution en deux ans donnerait l’image d’un chef de l’État en perdition, incapable de gouverner autrement que par le recours permanent au vote.
- Une stabilité illusoire : même en cas de recomposition partielle, il est peu probable qu’un bloc obtienne une majorité nette. Le spectre d’un Parlement fragmenté persisterait.
Dans les coulisses de l’Élysée, l’idée d’une dissolution circule donc comme une arme en suspens, mais dont l’usage est jugé suicidaire.
La stratégie actuelle semble davantage s’orienter vers la nomination d’un Premier ministre de transition, chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à la fin du quinquennat, plutôt que d’initier de nouvelles réformes ambitieuses.
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Conclusion
La dissolution de 2024 devait redonner souffle à la Ve République. Elle a au contraire ouvert une ère d’instabilité dont le rejet de la confiance de François Bayrou marque un nouvel épisode.
En septembre 2025, Emmanuel Macron se retrouve face à une équation impossible : gouverner sans majorité, ou risquer une nouvelle dissolution qui pourrait livrer le pays à l’opposition.
La probabilité d’un retour immédiat aux urnes est faible, mais l’ombre de cette arme constitutionnelle plane toujours.
Elle illustre les limites d’un système politique à bout de souffle, où chaque dissolution devient moins une solution qu’un révélateur de crise.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (09/09/2025)
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