Depuis 1958, la Ve< République repose sur un équilibre subtil : un président puissant, mais dépendant de la majorité parlementaire. Pour éviter le blocage, l’article 12 de la Constitution lui confère un pouvoir redoutable : celui de dissoudre l’Assemblée nationale.
Utilisée huit fois depuis De Gaulle, cette arme a parfois permis de rétablir l’ordre, parfois plongé le pays dans la confusion. La dernière en date, celle décidée par Emmanuel Macron en juin 2024, a laissé une France fragmentée et une Assemblée ingouvernable.
Aujourd’hui, alors que François Bayrou s’apprête à demander un vote de confiance promis à l’échec, la possibilité d’une nouvelle dissolution, la neuvième, refait surface.
👉 Explorez vos affinités politiques avec notre test gratuit : « Quel parti politique vous représente le mieux ? »
1. Huit dissolutions depuis 1958 : retour sur un outil présidentiel
La dissolution de l’Assemblée nationale a été utilisée huit fois en 65 ans, chacune dans un contexte particulier :
- 1962 (De Gaulle) : après avoir proposé l’élection du président au suffrage universel direct, contestée par l’Assemblée, De Gaulle dissout. Résultat : il sort renforcé et installe durablement la légitimité présidentielle.
- 1968 (De Gaulle) : la France est en plein Mai 68. La dissolution permet de restaurer l’ordre et d’offrir aux gaullistes une victoire écrasante.
- 1981 (Mitterrand) : fraîchement élu président, il dissout pour aligner l’Assemblée sur son mandat. La gauche l’emporte largement.
- 1988 (Mitterrand) : réélu, il tente à nouveau le pari, mais n’obtient qu’une majorité relative. Le pays entre dans une période de compromis parlementaires.
- 1997 (Chirac) : dissolution surprise visant à renforcer sa majorité. Résultat inverse : la gauche plurielle l’emporte, et Chirac doit gouverner en cohabitation avec Lionel Jospin pendant cinq ans.
- 2024 (Macron) : face à une majorité relative ingouvernable et à la poussée du RN aux européennes, il dissout. Résultat : Assemblée éclatée, RN en forte progression, gauche recomposée, et majorité présidentielle marginalisée.
Bilan : dans la moitié des cas, la dissolution a profité au président (1962, 1968, 1981, 1988 partiellement). Dans l’autre moitié, elle s’est retournée contre lui (1997, 2024).
2. Dissoudre, un pari de plus en plus risqué
Une France plus fragmentée
La dissolution fonctionnait mieux dans les années 1960-1980, quand deux grands blocs structuraient la vie politique (droite et gauche). Aujourd’hui, le paysage est éclaté en trois grandes forces :
- le Rassemblement national, premier parti d’opposition,
- la gauche unie dans un Nouveau Front populaire,
- la majorité présidentielle, affaiblie.
Résultat : il devient presque impossible de dégager une majorité absolue, et donc d’assurer la stabilité gouvernementale après une dissolution.
Un effet boomerang
La dissolution est censée clarifier le jeu, mais elle s’accompagne d’un risque majeur : transformer l’élection en référendum contre le président. En 1997, Jacques Chirac en a fait l’expérience : il espérait renforcer son pouvoir, il a offert la victoire à Lionel Jospin.
En 2024, Emmanuel Macron a voulu reprendre la main après les européennes : il a ouvert la voie à une Assemblée paralysée et une défiance accrue.
Une arme discréditée ?
De plus en plus, la dissolution est perçue par les citoyens comme une manœuvre tactique plutôt qu’un acte démocratique.
Résultat : loin d’apaiser, elle alimente la défiance et fragilise encore l’exécutif.
👉 Et vous, quel parti politique reflète vos convictions ? Passez gratuitement le test pour le savoir
3. Septembre 2025 : la France au bord d’une neuvième dissolution
Le vote de confiance de Bayrou
Ce 8 septembre 2025, François Bayrou affronte un vote de confiance qui a toutes les chances d’être rejeté. Sa base est fragile, et ni la gauche, ni la droite, ni le RN n’ont intérêt à le maintenir à Matignon.
Les options de Macron
Si Bayrou tombe, deux scénarios s’offrent à Emmanuel Macron :
- Nommer un nouveau Premier ministre, au risque de prolonger la paralysie. Mais qui accepterait de diriger sans majorité ?
- Dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale, désormais possible puisque plus d’un an s’est écoulé depuis juin 2024.
Une neuvième dissolution serait un événement inédit dans la Ve République, et la deuxième en deux ans. Mais le risque est énorme :
- Un RN majoritaire, qui transformerait l’Assemblée en bastion nationaliste.
- Une gauche renforcée, qui pourrait imposer un gouvernement de rupture.
- Une majorité présidentielle réduite à un groupe résiduel.
Une Ve République sous tension
Jamais la Ve République n’a connu une telle instabilité institutionnelle. La dissolution, censée garantir la gouvernabilité, pourrait cette fois précipiter une recomposition radicale et marquer la fin d’un cycle présidentiel.
👉 Un contexte politique bouleversé : situez-vous en découvrant quel parti politique vous correspond le mieux
Conclusion
Huit fois utilisée depuis 1958, la dissolution a parfois sauvé un président, mais souvent aggravé ses difficultés. En 2024, Emmanuel Macron en a fait l’expérience directe.
Aujourd’hui, à la veille d’un vote de confiance fatal à François Bayrou, une neuvième dissolution plane comme une menace autant qu’une issue. Mais l’histoire l’enseigne : la dissolution n’est jamais une garantie.
C’est une arme à double tranchant qui peut rebattre les cartes… ou précipiter la chute de celui qui la manie.
Auteur : Dr Emeric Lebreton, docteur en psychologie, écrivain et PDG du groupe ORIENTACTION (08/09/2025)
***
➡️ En savoir plus sur le bilan de compétences comme outil de reconversion
➡️ Transformez votre expérience en diplôme grâce à l’accompagnement VAE ORIENTACTION
➡️ Découvrez le dernier livre du Dr Emeric Lebreton : Faites-le maintenant ! Un livre pour passer à l’action sans procrastiner !
Entre écologie et pouvoir d’achat, les Français face aux contradictions du débat politique
6 min. de lecture
Crise de confiance : pourquoi les Français se détournent de plus en plus de la politique ?
6 min. de lecture
Qui est Sébastien Lecornu ?
8 min. de lecture
Nouveau : testez gratuitement vos “soft skills” avec ORIENTACTION
2 min. de lecture
Se reconstruire après un burnout : pourquoi le bilan de compétences ORIENTACTION peut vous y aider ?
2 min. de lecture
Reconversion professionnelle à 30 ans : faire un bilan de compétences pour sécuriser sa transition
4 min. de lecture
